Lors de ma première visite l’on ne m’avait pas dit qu’il y avait au sous-sol une exposition de minéraux de la collection d’Erica Pohl. Cette collectionneuse richissime a marqué plusieurs décennies de la minéralogie européenne. Une partie de sa collection a été léguée pour la création du musée Terra Mineralia dans le chateau de Freudenstein à Freiberg. C’est l’un des plus grands musées d’Europe. A la Gallery on voit tout d’abord une fabuleuse feuille d’or (30 cm) et une vitrine emplie d’ors surtout étatsuniens.
Il y a aussi une vitrine avec des argents natifs. Les ors et argents n’étaient pas à vendre.
D’autres vitrines montrent les minéraux de la collection Pohl qui seront mis en vente aux enchères par Rob Lavinsky. Ils sont nettement moins prestigieux que les ors et argents.
Revenons au Mineral City. Malgré une large distribution de plans, il n’est pas toujours facile de s’y repérer. En effet il n’y a pas de connections directes entre certains « buildings ». Il faut en sortir prendre la rue pour y accéder. C’est le cas du building B qui est pourtant attenant au C.
C’est dans ce buiding que l’on trouve le principal fournisseur de calcites et améthystes d’Uruguay. Mais pas d’illusion, les belles pièces sont parties depuis la mi-janvier. Sinon il y a des fluorites de Milpo (Cero de Pasco, Pérou) d’une couleur vert émeraude originale et insurpassée (la photo est loin de la réalité). Les premiers spécimens sont apparus lors de la bourse de Munich en 2022.
Le building G est un peu excentré et déplaisant quand la nuit tombe (vers 18 h) car la rue qui y mène n’est pas éclairée. Il y a peu de choses intéressantes. Citons tout de même des cristaux de quartz suisses. Ils se présentent en monocristaux bien incolores, transparents, de dimensions modestes (maxi 10 cm) et proviennent de la célèbre vallée du Binntal.
Le building A n’est pas vraiment un building mais plutôt des box ouvert sur un parking. Peu de chose marquantes si ce n’est le box de Kristalle (Wayne Leicht) qui, outre des minéraux, met en vente des ouvrages et des memorabilia, comme une balance pour peser les lingots . Un stand tenu par des québecois, présente de rutile du Québec (Canada) en monocristaux allongés de grande longueur (5 à 15cm) sans terminaisons nettes.
Le building E accueille des marchands bulgares qui offrent des minéraux de la maintenant célèbre mine de Madan (Bulgarie). Célèbre surtout pour ses magnifiques galènes aux formes complexes. Cette mine est exploitée depuis le Moyen-Âge.
Le building E accueille aussi des bien « étranges » curiosités supposément trouvées dans la république de Sakha ou Yakoutie (Extrême-Orient russe). Il s’agit de cristaux d’or, d’argent et de cuivre, en cubes, en octaèdres, en pentagonododécaèdre, en trémie, etc.! Rappelons que les premiers cristaux d’or de cette origine (localité et marchands) apparus il y a plus de 10 ans étaient associés à du plomb! Ils sont considérés comme des faux. Dire que les nouveaux cristaux méritent la même appréciation n’est pas exagéré. Loin de là !
La mine de Milpillas (Sonora, Mexique) est une sources de minéraux extraodinaire de puis une vingtaine d’années. Viennent en tête les célèbres azurites très brillantes, suivies des brochantites en cristaux fins décimétriques, les très rares volborthites, suivies par des espèces moins marquantes. Cette année, la zincolivenite a été trouvée dans cette mine. C’est un arséniate peu commun, souvent en microcristaux. Les spécimens de Milpillas ne rivalisent pas avec les meilleurs spécimens trouvés à Tsumeb (Namibie).
Le Building F est constitué des plusieurs deux salles dans un petit bâtiment. La salle principale vend des quartz et améthystes du Brésil. C’est une source importante envahie très tôt par les acheteurs : de nombreuses tables étaient déjà vidées de leur contenu.
De l’autre côté d’une rue longeant le Mineral City, il y a la Fuente. C’était jadis un mythique restaurant mexicain typique où se rendaient les minéralogistes du monde entier lors du Show. Abandonné durant des années, il a repris vie comme lieu de vente de minéraux.
La Feunte a été acquise par le regretté Rock Currier pour sa société Jewel Tunnel. Elle partage maintenant ce lieu avec d’autres comme Rob Lavinsky (Arkenstone) qui a eu l’idée de faire des vitrines où tous les minéraux ont le même prix. Il y a aussi la collection de thumbnails (dimension maxi de 2,52 cm) de Schauss.
Rob Lavinsky présente aussi une partie des minéraux de la collection d’Erica Pohl qu’il se propose de mettre aux enchères. L’autre partie est, comme on la vu, à la Granada Gallery. Il propose aussi des minéraux de sa société comme une belle fluorite française de Puy Saint Gulmier !
La période entre la fin des shows de gemmes et le début du show principal des minéraux est moins frénétique et permet de faire un peu de tourisme avec l’incontournable visite du Sonora Desert Museum. Un musée emblématique, privé et financé par des dons et donations. Un musée évolutif, dont la muséographie connaît sporadiquement de changements. Un musée dont quelques animations incitent les jeunes à la récolte de fossiles. Tout le contraire de ce que la France fait en interdisant les récoltes: aux falaises des vaches noires par exemple.
Le musée invite à une promenade de 800 mètre au travers d’un paysage typique parsemé de cactus cierges, les symboliques saguaro. Un panneau à l’entrée, invite à prendre quelques précautions: port d’un chapeau et réserve d’eau! Toute une aventure !
On peut aussi apercevoir des chacals sans danger : ils sont confinés dans un enclos limité par un grillage presque invisible de loin.
Le Show principal, le TGMS, se déroule au Convention Center dans une très vaste salle. Le taux d’occupation, stands et vitrines, est beaucoup plus faible aqu’avant la crise du COVID. De plus, plusieurs grands marchands ne viennent plus ou bien réduisent leur stand.
La visite du TGMS commence par la traditionnelle attente dans une queue impressionnante pour acheter les billets.
Chaque année, les organisateurs proposent un thème pour les vitrines d’exposition. Cette année, c’était la silice, avec essentiellement le quartz et accessoirement l’opale.
Plusieurs collectionneurs de haut niveau exposent leurs minéraux. Ici la collection de quartz des Spann. Les affiches du fond ont été remises en place plus tard, après cette photo !
Meiran 1: le grand collectionneur, Gene Meiran présentait une grande partie de sa collection dans plusieurs vitrines, ici celle des béryls.
Meiran 2 : la vitrine des quartz.
Meiran 3: la vitrine des kunzites avec quelques grenats.
Meiran 4 : la vitrine des tourmalines.
Meiran 5 : La vitrine des topazes.
Meiran 6 : la vitrine des divers gemmes, corindons, spinelles, rhodonite, tanzanites, scapolites, diopsides, diamant etc.
Une vitrine évoquait la mine du Boléo et un de ces ingénieurs Albert Bellanger qui avait constitué une collection où se trouvaient de grands boléites et cummengeite. Son fils Jacques a repris cette collection en l’agrémentant de minéraux venant du monde entier. Il s’était promis que sa collection irait à l’école des mines de Paris. Ses héritiers ont en décidé autrement et plusieurs belles cumengeites ont quitté la France..
Un calcite venant d’un pays dont on n’entend (presque) jamais parlé en minéralogie la Malaisie.
Une vitrine amusante présentant des poupées barbie dans un lieu où il y a plein de minéraux disséminés n’ayant aucun rapport avec le quartz.
Un « modeste » exemple de l’incroyable collection Garabas constituée récemment, ces quatre dernières années. On reconnaît une très belle macle du Japon, un sculptural quartz rose et un quartz fumé.
Le TGMS accueille aussi l’assemblée générale de la SMMP (Society of mineral museum professionnal) dont la présidente ces dernières annéez était Eloise Gaillou. Après le déroulement statutaire, Jeffrey Post de la Smithsonian a présenté un conférence sur son expérience professionnelle, en insistant sur le rôle des musées dans la diffusion des savoirs.