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 Compte-rendu et commentaires de la « Journée d’étude », consacrée initialement à « La protection juridique du patrimoine des sciences naturelles »

Cette journée était organisée par la section Sciences, Histoire et Patrimoine des Sciences et des Techniques et Archéologie industrielle du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques (CTHS), à l’invitation de M. le Député Christophe Marion, le lundi 24 mars de 8h30 à 18h, à l’Assemblée Nationale – Salle Lamartine, 101, rue de l’Université – 75007, Paris.

Le thème de la journée était initialement intitulé :

La protection juridique du patrimoine des sciences naturelles

Il a été changé la veille de la réunion pour devenir :

Pourquoi et comment préserver le patrimoine des sciences naturelles ?

Le programme aussi a un peu changé avec l’absence de certains intervenants programmés initialement. Que s’est-il passé ?? Mystère ! Reconnaissons, à la décharge des organisateurs, il est très difficile d’organiser ce genre de réunion.

La participation se faisait sur inscription uniquement.

Géopolis n’a été ni invitée à cette journée, ni même informée directement de sa tenue. L’information nous a été communiquée par le Président de l'association paléontologique de Villers-sur-Mer. Nous les remercions vivement pour leur initiative, sans laquelle nous n’aurions pas pu participer. In extremis. En effet nous avons été informés le 10 mars alors que les inscriptions devaient se faire au plus tard le 14 !

 

Les participants et intervenants

Il y avait une centaine de personnes, beaucoup d’institutionnels, universités, musées, ministères, réserves géologiques :

- M. le Député Christophe Marion – Renaissance (3ème circonscription du Loir et Cher) – Commission des affaires culturelles et de l’éducation. Délégué Général du CTHS ; 

- La section Sciences, Histoire et Patrimoine des Sciences et des Techniques et Archéologie industrielle du Comité des Travaux historiques et scientifiques (CTHS) ;

- Le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) ;

- Sorbonne Université ;

- L’école des Mines de Paris (Mines Partistech) ;

- L’université de Lille ;

- Cergy Paris Université ;

- Les réserves géologiques ;

- l'École Normale Supérieure ;

- L’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ;

- L’université de Strasbourg

- la Fédération française des sociétés de sciences naturelles (FFSSN) et le musée d’Elboeuf.

On notait l’absence d’enseignants des lycées et collèges et celle de géologues du privé. l’Association Paléontologique Française (APF) et la Société Géologique de France (SGF) n’étaient pas expressément représentés. Dommage.

Il n’y avait pas d’intervenants représentant les amateurs. Il y avait cependant des participants venant d’association d’amateurs (mais uniquement en géologie). Outre Géopolis, il y avait l’association de Villers sur Mer et la Fédération française des amateurs de minéralogie et paléontologie (FFAMP). Et nous insistons sur le fait que les sujets abordés dépassaient largement celui des collections des sciences de la terre : toutes les sciences naturelles étaient concernées ainsi que l’archéologie et l’anthropologie. Il a même été question de la conservation voire de la restitution d’objets rituels acquis pendant les colonisations.

Pas d’amateurs dans aucun des autres domaines que celui de la géologie donc.

Il n’y avait pas d’intervenants représentant les commerçants et/ou exploitants. Les rares participants de ces communautés sont venus en observateurs.

 

Objectif annoncé par les organisateurs :

« Cette journée a pour objectif de mettre en évidence la diversité du patrimoine des sciences naturelles, les limites des réglementations mises en oeuvre pour assurer sa protection et sa conservation et de réfléchir aux pistes de progression envisageables. En effet, constitué de collections muséales et universitaires et également de collections hors contexte muséal et de sites référencés (géosites et parcs naturels), ce patrimoine montre une extrême hétérogénéité, tant dans la nature des objets (forme, support, domaine de rattachement) que dans les besoins de conservation et les pratiques qu’il suscite. Un certain nombre de questions relatives à la régulation de son accessibilité, de sa gestion, de sa valorisation, de son enrichissement voire de sa restitution seront abordées, en s’appuyant sur l’exemple des sites et objets archéologiques.

Dans la continuité des travaux du 145e congrès annuel du Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS) qui s’est tenu à Nantes en 2021 (Collecter, collectionner, conserver), on

s’intéressera notamment à ce qui concerne les contours de collections à valeur patrimoniale dont la constitution relève de l’intime, du collectif, du passé, du présent, du tangible ou du symbolique. On discutera également des liens entre les institutions garantes du patrimoine des sciences naturelles et les amateurs, dont certains sont susceptibles d’avoir constitué des collections d’une grande valeur patrimoniale mais dont le mode de collecte ou la transmission hors cadre réglementaire pose problème. On traitera, enfin, de la protection de sites d’intérêt archéologique, géologique ou biologique et des discussions autour de leur fréquentation libre ou régulée.

Cette journée d’étude se déroulera en deux temps. Quelques exemples emblématiques de valorisation des collections précéderont une présentation historique des problèmes de réglementation et de législation concernant le patrimoine des sciences naturelles. Ces présentations serviront d’introduction aux quatre tables rondes qui suivront portant sur les cadres plus spécifiques (1) des réserves naturelles, (2) des collectes et mises en collections, (3) des interactions entre amateurs et institutions et (4) des collections universitaires.

À l'issue de cette journée, les échanges seront retranscrits dans un document de synthèse qui sera mis à la disposition de tous les acteurs du domaine et du législateur qui pourra s’en emparer pour réfléchir à faire évoluer la législation dans le but de mieux épouser les contours du patrimoine des sciences naturelles dans toute sa diversité. »

 

ORGANISATION DE LA JOURNEE :

Il y avait donc des présentations (conférences) entre lesquelles s’inséraient, l’après-midi, des tables rondes.

Les présentations

- Arnaud Hurel : Muséum National d’Histoire Naturelle - Département Homme et Environnement - UMR 7194 HNHP. Section SHPSTAI du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques)

Liberté individuelle versus intérêt collectif : l'exemple de la protection des objets de l'archéologie préhistorique

- Anne Lehoërff : Chaire Inex "Archéologie et patrimoine", CY Cergy Paris Université

Le patrimoine d’« histoire naturelle » : un concept aux contours flous et une législation à réfléchir.

- Amélie Vialet : Muséum National d’Histoire Naturelle - Département Homme et environnement - UMR 7194 HNHP

Section SHPSTAI du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques

De l’importance du contexte pour la valorisation des collectes anciennes : exemples des restes humains (France XIXe s, Mali XXe s.).

- Loeiza Iacono : UMR 208 - Patrimoines locaux, globalisation et environnement (IRD-MNHN-CNRS).

Le statut des collections d'histoire naturelle des lycées : sous vitrines ; au tableau ; au grenier ?

- Adèle Chevalier : Muséum National d’Histoire Naturelle - Département Homme et Environnement - UMR 7194 HNHP

Restituer la valeur scientifique de collections anciennes : le cas du site préhistorique de Samrong Sen (Cambodge).

- Léane Mousseau : Institut des Sciences de la Terre de Paris – UMR CNRS 7193, Sorbonne Université (étudiante)

Dans le laboratoire d'un géologue au XIXe siècle : à la découverte de la collection de géologie expérimentale de Stanislas Meunier au Muséum national d'histoire naturelle.

- Éric Buffetaut : CNRS, Laboratoire de Géologie de l'École Normale Supérieure, Paris. Section SHPSTAI du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques

Le patrimoine paléontologique des falaises normandes : protéger, c'est récolter librement.

- Jérôme Tabouelle : Fabrique des savoirs - musée d'Elbeuf. Section SHPSTAI du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques

Récoltes, statuts et devenir des objets d’HN hors collections publiques : exemple de la collection paléontologique d’un amateur : Gérard Carpentier (Tourville la Rivière).

- Brigitte Zanda : Muséum National d’Histoire Naturelle - Département Origines et Évolution - UMR 7590, IMPMC – SU & CNRS. Section SHPSTAI du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques

Météorites : des objets venus d’ailleurs.

- Paola Giura et Céline Paletia : Institut de Minéralogie, de Physique des Matériaux et de Cosmochimie (IMPMC), Sorbonne Université, Muséum National d'Histoire Naturelle, UMR CNRS 7590. Pôle Collections scientifiques et patrimoine de la bibliothèque de Sorbonne Université

Recherche, enseignement et médiation scientifique au sein de la collection de minéraux de Sorbonne Université.

 

Modérateurs des tables rondes :

- Santiago Aragon : Faculté des Sciences et Ingénierie de Sorbonne Université – UFR 927 (Biologie) et CNRS – UMR 208 (PALOC). Section SHPSTAI du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques

- Tiphaine Barthélémy : Vice-présidente du Comité des Travaux Historiques et scientifiques

- Jean-Luc Chappey : Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Section SHPSTAI du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques.

- Rémi Gaillard : Pôle collections scientifiques et patrimoine de la bibliothèque de Sorbonne Université.

- Pierre Pénicaud : délégation à l’inspection, à la recherche et à l’innovation - Direction générale des patrimoines et de l’architecture - Ministère de la Culture.

- Sébastien Soubiran : Jardin des sciences, Université de Strasbourg

 

Sessions de tables rondes

14h10 Table ronde sur la protection in situ des aires abritant du patrimoine naturel, conduite par François Dusoulier, Jérôme Tabouelle et Éric Buffetaut

15 h00 Table ronde sur les problèmes de collecte et appropriation du patrimoine mobilier, conduite par Pierre Pénicaud, Marie-Béatrice Forel, Isabelle Rouget et Brigitte Zanda

16h10 Table ronde sur les interactions avec les amateurs conduite par Jérôme Tabouelle et Amélie Vialet

17h00 Table ronde sur les réglementations autour des collections universitaires et des collections publiques conduite par Sébastien Soubiran, Rémi Gaillard, Paola Giura, Santiago Aragon et Pierre Pénicaud

17h30 : Discussions et questions

 

Impressions sur la matinée

Il a beaucoup été question de préhistoire et d’archéologie. Il semble qu’il y avait le projet de d’englober tout ce que l’on appelle patrimoine des sciences naturelles et d’y appliquer une loi unique. On avait l’impression que l’essentiel de la matinée a été consacré à essayer de nous convaincre par une définition – hasardeuse - du patrimoine des sciences naturelles, faite curieusement par une historienne et archéologue, que le patrimoine des sciences naturelles était la même chose que le patrimoine archéologique. Et que par conséquent, l’archéologie étant en pointe au niveau législatif sur le sujet, il fallait appliquer les mêmes règles au patrimoine des sciences naturelles. On a bien senti que les organisateurs cherchaient à trouver des solutions législatives pour limiter un secteur privé qui détient une partie du patrimoine géologique, et un secteur marchand et économique qui alimente ce patrimoine. Le projet serait bien de légiférer, donc de limiter encore les marges de liberté, en prenant appui sur ce qui se fait en archéologie.

On peut s’interroger sur cet étrange souci qu’ont les historiens et archéologues de vouloir légiférer sur le patrimoine des sciences naturelles.

 

Une première intervention bien inquiétante

Tout est parfaitement résumé dans la première intervention de Arnaud Hurel : « Liberté individuelle versus intérêt collectif : l'exemple de la protection des objets de l'archéologie préhistorique. »

Le 145e congrès du CTHS ("Collecter, collectionner, conserver", Nantes, 2021) avait offert l'occasion de souligner la grande diversité des problématiques scientifiques autour des collections. Il avait, entre autres, mis en lumière la multitude d'acteurs impliqués dans la gestion, la conservation et la valorisation des collections de sciences naturelles, tout comme les tensions propres à ce domaine. Si la protection d'une partie des objets naturels est garantie par quelques éléments de réglementation spécifiques, tous n'en bénéficient pas. De plus, la question des conséquences de la liberté de collecte et de commerce par tout un chacun reste posée dans nombre de cas. L'archéologie préhistorique a elle-même été longtemps - pendant un siècle - en-dehors des cadres de patrimonialisation et donc de protection. A ce titre, elle offre un intéressant modèle de la difficile marche vers la patrimonialisation des collections scientifiques. La prise en compte de l'acte de collecte, en l'occurrence par la mise en place d'une législation sur les fouilles reprenant l'ancien mot d'ordre de Victor Hugo : "Une loi suffirait. Qu'on la fasse", permit de mettre en oeuvre les outils juridiques et administratifs garantissant, au profit de l'intérêt général, une gestion protectrice des objets mis au jour (naturalia et artificiala).

 

Éric Buffetaut : Le patrimoine paléontologique des falaises normandes : protéger, c'est récolter librement.

Nous avons particulièrement apprécié l’intervention d’Éric Buffetaut qui a été reprise par le Président de l’association paléontolgique de Villers-sur-Mer. Ils ont rappelé à quel point il est absurde d’interdire le ramassage des fossiles à Villers-sur-Mer alors que l’érosion en produit de grandes quantités qui sont vouées à une disparition naturelle. Et à quel point le ramassage par des amateurs éclairés ou non était bénéfique à la communauté scientifique.

Les formations mésozoïques affleurant dans les falaises côtières de Normandie sont connues pour leur richesse en fossiles depuis le XVIIIe siècle. De nombreux musées détiennent d'importantes collections paléontologiques provenant de ces falaises. La très grande majorité des fossiles constituant ce patrimoine unique, qui a fait l'objet de nombreuses études, a été récoltée par des amateurs, dont les collections ont naturellement trouvé leur place dans des musées. Du fait de l'érosion rapide et massive à laquelle sont soumises ces falaises, seule la récolte des fossiles par le plus grand nombre possible de collecteurs peut assurer la préservation de ce patrimoine en le sauvant de la destruction par les agents naturels. De ce fait, les projets visant à interdire la libre collecte des fossiles sur l'estran sont non seulement contre-productifs mais également anti-scientifiques, car ils conduiraient inévitablement à une perte dramatique d'information scientifique. Il est urgent de les combattre en mettant en évidence leur absurdité.

 

Brigitte Zanda : Météorites : des objets venus d’ailleurs.

Mme Zanda a rappelé qu’elle souhaite combler les « trous dans la raquette » de la législation en matière de propriété des météorites.

Les météorites sont les reliquats de corps rocheux et/ou métalliques entrés en collision avec la Terre après avoir parcouru des milliards de kilomètres dans l’espace interplanétaire et survécu à la traversée de l’atmosphère. Trois parties sont susceptibles de se les approprier après leur découverte : le propriétaire du fonds, le découvreur et la puissance publique. En l’absence d’une loi en France, les litiges entre propriétaires et découvreurs ont, par le passé, été tranchés sur la base du code civil qui distingue les biens « immeubles » (incorporés dans le sol) des biens meubles (détachés du sol). Ainsi, les quelques dernières dizaines de centimètres parcourus par ces objets venus d’ailleurs changent leur destinée : s’ils restent en surface, ils reviennent au découvreur, tandis qu’ils reviennent au propriétaire du terrain s’ils se sont enfoncés dans le sol. Leur appropriation par l’État en vue de leur conservation et de leur valorisation scientifique ne peut intervenir qu’au terme de difficiles négociations.

On pourrait comprendre ( ?) les inquiétudes de Mme Zanda quand on voit l’importance qu’a pris le marché de ces objets. Encore faudrait-il convenir que ce marché soit critiquable, ce qui est loin d’être le cas. Rappelons que ce sont des commerçants qui ont développé par exemple la récolte des météorites du nord-ouest africain. Il ne faut pas oublier que ce marché a apporté des météorites majeures (météorite de Paris par exemple). Il ne faut pas oublier que des scientifiques y sont impliqués. Il ne faut pas oublier les dons faits par les marchands et les collectionneurs. Il ne faut oublier aussi que le marché des météorites a connu un effet de mode et que cet effet s’estompe (la cote des météorites martienne est passée de sept chiffres à deux chiffres le gramme). Il ne faut pas oublier que ce marché a créé un engouement et incité des amateurs à entrer dans des démarches de science participative.

D’ailleurs, en réponse à une question de Richard Tremblier, Mme Zanda qui se plaignait de certains comportements d'amateurs (détection dans les jardins de particuliers ayant entrainé la pause par certains de panneaux d'interdiction devant leur maison), a admis que sans l'appel aux amateurs il aurait été impossible pour elle de récupérer des morceaux d’une météorite en Normandie.

 

Les réserves géologiques… des propos immatures

 L’intervention d’une responsable des réserves naturelles a été particulièrement choquante. Elle reprenait des propos diffamatoires que l’on aurait pu croire oubliés ces dernières décennies. Pour résumer : les amateurs et collectionneurs sont présentés comme des pilleurs et des saccageurs.

Il est inadmissible que l’on accuse ainsi ouvertement l’ensemble des collectionneurs, des commerçants et des récoltants.

Il était tentant de retourner la politesse à cette intervenante en évoquant les dysfonctionnements des institutions.

Par exemple, celui emblématique de la décision institutionnelle de la disparition d’un gisement majeur… l’estran devant la falaise des Vaches Noires !!! Disparition inéluctable par l’action de la mer. Mais la morale, l’idéologie, sont sauves, les amateurs, les commerçants et les récoltants étant écartés.

Cette intervenante mettait aussi en question l’existence des bourses jugée néfaste. C’est oublier qu’une bonne part de nos concitoyens ont découvert le monde minéral et géologique grâce aux bourses, bien avant de visiter les (rares) musées.

C’est oublier aussi que le marché et en particulier les bourses permettent d’actualiser le niveau du patrimoine. Les musées actifs s’informent et s’accroissent par des acquisitions dans les bourses comme le montre l’exemple emblématique de Tucson, et autres grands salons européens, où la présence des conservateurs des grands musées de minéralogie et paléontologie internationaux est massive.

On se vante du patrimoine de nos musées mais on ne regarde pas quels sont leurs retards en minéralogie et paléontologie.

 

Impression sur les tables rondes

Les tables rondes (discussions) ne se sont pas exactement déroulées comme prévu et ont été peu constructives. Certains sujets ont attiré davantage d’interventions et d’autres ont forcément été écourtés. Le débat sur les falaises de Villers a été important mais pas concluant. Une intervention a été particulièrement importante et remarquée. Celle d’un étudiant en sciences humaines qui n’est ni amateur, ni collectionneur, ni récoltants. Il s’est dit choqué par l’agressivité de représentants des institutions à l’égard des citoyens collectionneurs, marchands et récoltants.

Le rôle des institutions n’est-il pas plutôt d’écouter leur voix, plutôt que de mettre en avant une idéologie délétère où la morale occulte les faits.

 

Les prises de paroles de Géopolis 

La journée s’est essentiellement déroulée avec les interventions programmées mais il y a eu quelques temps de discussion libre où nous avons pu tout de même intervenir et dire rapidement notre point de vue. Geopolis a plaidé la liberté donnée à tout un chacun d’accéder au patrimoine géologique dans la nature, d’en extraire librement certains objets, ainsi que pour l’existence d’un secteur privé, marchand et/ou exploitant. Nous sommes contre la criminalisation du ramassage des objets géologiques et nous prônons l’information et l’éducation. Nous avons pu dire qui nous sommes et qui nous représentons (environ 2000 adhérents), que nous travaillons à défendre les intérêts des amateurs, que nous pensons jouer un rôle essentiel dans la diffusion des connaissances scientifiques et dans le combat de certains obscurantismes (créationnistes, platistes, litotérapeutes, ….). Nous avons pu réaffirmer que nous ne souhaitons pas davantage de règlementation.

 

Un premier bilan mitigé

Le bilan de la journée est d’une certaine manière pour nous positif dans la mesure où il n’en est rien sorti de concret. Statu quo. La nature des objets de sciences naturelles est si diverse, les collections si nombreuses et variées, les interlocuteurs si nombreux et les problèmes à résoudre, réels et le plus souvent imaginés, si complexes, qu’il est peu probable que l’on parvienne à synthétiser rapidement et facilement tout cela.

Toutefois, il ne faut pas oublier que les partisans des interdictions sont toujours présents et actifs et qu’ils souhaitent voir tout interdire considérant le ramassage comme du pillage et les amateurs donc comme des vandales. Tout objet étant patrimoine, il doit être interdit à toute personne non habilitée c'est-à-dire 99,99% environ de la population. Et le ramassage donc la collection privée et le commerce criminalisés. Ils veulent toujours aboutir à une loi qui au nom de la patrimonialisation, de la protection, interdirait presque tout au secteur privé et commercial.

 

Qu’en conclure ? Que devons nous faire ?

Ce qui s’impose est que nous ne devons pas attendre qu’il soit trop tard pour réagir. Développons notre propre argumentaire, inventorions et valorisons tout le travail fait par les amateurs dans les clubs et associations. En ce sens, Géopolis va présenter des sujets de réflexions et vous invite à y participer. Ne soyons pas à la remorque des idéologues qui veulent nous supprimer. Soyons au contraire à l’initiative de la démonstration de l’intérêt de nos activités et faisons-le savoir. Dans un premier temps, sans attendre nous devons cesser de nous défendre comme des présumés coupables !

 

Ça suffit !!!

On ne juge pas une communauté sur les actes de délinquants. N’importe quelle communauté souffre de délinquants qui s’y trouvent inévitablement. Il faut que cesse les accusations qui ne vont que dans un sens : des institutions vers le privé. En réaction, préparons un inventaire des actes critiquables et/ou délictueux qui affectent les institutions afin de remettre à leur place certains accusateurs : vols en interne ou dus à des négligences, décisions de disparitions de musées, mise à la poubelle, incompétences constatées et argumentées, méconnaissance du marché et de l’évolution des objets de patrimoine, dérives de l’administration, rôle minoré des scientifiques, …

 

Des faits rien que des faits !!!

- Ces dernières décennies la minéralogie patrimoniale française a connu un développement important grâce à l’activité des amateurs, comme en témoignent les excellentes revues que sont Le règne Minéral et le Cahier des micromonteurs.

- La galerie de minéralogie et la salle du trésor du MNHN ont disparu. L’exposition Trésors de la Terre devait être temporaire, heureusement elle a survécu mais s’apparente plus à un centre d’interprétation qu’à un musée. Le niveau d’acquisition y est inférieur à celui d’un collectionneur moyen. Il se fait grâce à une association d’amateurs et de membres bénévoles.

- Le musée de l’École des Mines a été amputé de son fond historique de paléontologie. Il a été plusieurs fois menacé de disparition. Le niveau d’acquisition annuel y est inférieur à celui d’un collectionneur moyen. Il se fait grâce à une association d’amateurs.

- Le petit musée de fossiles de Jussieu a disparu : il n’y a plus de présentation permanente accessible au public au moins une après-midi par semaine. Même pour les étudiants en sciences de la terre qui avouent n’y être jamais allés.

 - Le musée de minéraux de l’École des Mines d’Alès a été mis en boites. Un projet promet sa résurrection possible.

On peut aller plus loin dans d’autres domaines où les institutions ont altéré le patrimoine ou du moins sa présentation. Avec, par exemple pour Paris, les disparitions du musée des arts et traditions populaire (mis en réserves) et du musée d’ethnologie de la Porte Dorée (englouti par le critiqué musée des arts premiers).

 

L’État n’a pas le monopole du patrimoine !!!

L’histoire montre que l’État est presque systématiquement en retard sur l’évolution du Patrimoine culturel national. Ainsi, par exemple, il n’y avait que deux oeuvres de Picasso à son décès dans les musées français. En ce qui concerne les sciences de la terre : combien y a-t il de minéraux et fossiles majeurs chinois récents dans les musées français, et de minéraux majeurs récents pakistanais, mexicains, indiens ou russes ? Pour revenir à la France, la plus importante collection de minéraux français jamais constituée est celle, bâtie ces dernières décennies par un collectionneur privé français, certes aisé, mais avec des moyens bien faibles au regard des budgets des établissements institutionnels.

Il faut bien le reconnaître : c’est la société avec l’ensemble de ses membres et l’ensemble de ses activités qui génèrent le patrimoine ; ce que l’on choisit de léguer aux générations futures.

Il faut aussi approfondir ce que l’on entend par patrimoine. Ces dernières années, il s’est fait une distinction entre le patrimoine matériel et le patrimoine immatériel.

En sciences de la terre, on comprend bien ce qu’est le patrimoine matériel dont la partie émergée est constituée surtout des objets des collections publiques et privées.

Pour ce qui est du patrimoine immatériel, il est constitué des savoirs et donc de ceux qui les détiennent. Il y a les scientifiques mais pas tant qu’on pourrait le penser car ils sont peu nombreux et leur travail concerne la science en marche. Il y a les employés des musées de plus en plus sollicités par des tâches administratives ou de médiation. Il y aussi les amateurs récoltants qui gardent la mémoire des gisements. Comme le disait un géologue : les trois choses les plus importantes en sciences de la terre sont premièrement le terrain, deuxièmement le terrain et troisièmement le terrain. Les amateurs récoltants occupent une bonne part du terrain comme le montre l’exemple des Vaches Noires. Les collectionneurs amateurs sont aussi dépositaires d’un savoir sur la valeur patrimoniale des objets de leur collection. En conclusion les amateurs et collectionneurs font partie du Patrimoine.

Le marché est aussi une source de savoir patrimonial.

 

Des axes de revendications

Pour conclure, voici quelques axes de revendications et de réflexions, pour en finir avec les accusations diffamatoires dont sont victimes les amateurs et acteurs du marché. La liste n’est pas définitive ni exhaustive. Nous attendons vos suggestions, commentaires et critiques.

Les amateurs et le marché font l’histoire, ils sont à l’avant-garde du patrimoine matériel, ils sont une bonne part du patrimoine immatériel, ils sont les inventeurs et promoteurs d’une gestion durable, éthique et responsable des gisements, enfin ils sont des lanceurs d’alerte (cas des Vaches Noires).

Les collectionneurs participent à un patrimoine durable inclusif car ils ne sont pas dépendants de décisions abruptes comme celle de la mise en archives de musées.

Liberté individuelle versus intérêt collectif !? A nos yeux il n’y a pas de conflit entre la liberté individuelle et l’intérêt des collections, l’un participe de l’autre et vice vers.

La charte

Tous les adhérents de Géopolis s'engagent à respecter notre charte visant à protéger les sites de récolte et valoriser leur collection de minéraux et/ou fossiles

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Dossiers juridiques

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