La limite crétacé/tertiaire (KT) et l'extinction des dinosaures |
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Par André Holbecq |
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CATASTROPHES EN CHAINE POUR LE CATASTROPHISME... L'hypothèse de l'extinction de masse des dinosaures et autres semble être la thèse adoptée par la majorité. Cependant il reste quelques " irréductibles " (c'est ainsi que l'on nous considère) qui pensent que ce n'est pas aussi simple. Vous permettrez donc à l'irréductible gaulois Professeurix de soulever quelques " détails " et de semer quelques grains de sable qui empêcheront certainement les engrenages du catastrophisme de tourner rond, et à nombre d'entre vous de cogiter. Première précaution, selon Louis de Bonis : "il ne faut pas confondre extinction de masse et extinction catastrophique." Avant tout il me plaît de rappeler quelques très sages conseils émanant du paléontologue Léonard Ginsburg du MNHN de Paris qui écrit : "Pour qu'une hypothèse soit crédible, il faut respecter les instructions suivantes : - elle doit être bien étayée, donc basée sur des faits, - elle doit être rigoureuse donc logique et sans hiatus, - elle ne doit pas être en contradiction avec des faits établis, - elle doit être féconde : plus elle explique de faits et plus sa valeur est générale, plus elle a de chances d'être exacte." Et bien voici quelques "détails" et quelques "hiatus", dont un seul de la liste suffit à faire capoter et s'effondrer une belle théorie pourtant reconnue et enseignée actuellement. Il est très étonnant que tous ces hiatus ne figurent jamais dans les manuels, or cela serait source de cogitation bénéfique pour le fonctionnement d'un cerveau de scientifique. 1°/ LES GROS ANIMAUX NE PASSENT PAS LA LIMITE KT ? FAUX ! On a pu lire sous la plume du paléontologue Eric Buffetaut dans La Recherche, en décembre 1996, dans un article intitulé "La fin des dinosaures", "tous les gros animaux disparaissent" (page 65). Plus précisément, "pour survivre à la crise K/T mieux valait ne pas peser plus de 25kg." et quelques lignes plus loin : "aucun animal de plus de 25kg ne semble d'ailleurs avoir survécu à la crise." Or il élude la belle et longue survivance des Diapsidés Choristodera comme les Champsosaures longs de 2 à 3 mètres et donc dépassant les 25kg, ainsi que des Simoedosaures, les premiers au Montana, Alberta et Nouveau Mexique, les seconds en Europe (France et Belgique). Ils perdurent jusqu'à l'éocène inférieur soit de -95 à -34 millions d'années ! Voici donc déjà deux belles exceptions. Les champsosaures sont en plus en première ligne pour le " casse-pipe " puisque, encore plus près du point d'impact (le Yucatan). 2°/ LES ACTINOPTERYGIENS DU LIBAN : UN DETAIL DE PLUS Ces "poissons" osseux, comme on disait jadis, datant de la fin du Mésozoïque (et non plus du "secondaire" : terme dépassé non international et encore trop usité en France), ne montrent aucun signe particulier marquant une crise majeure biologique à la fin du Crétacé Supérieur. Ceci selon Tristan Turlan dans la revue Minéraux & Fossiles N°304 de Mars 2002 page 9. 3°/ LES INSECTES ET PLANTES INFEODEES : CONTRADICTION AVEC DES FAITS ETABLIS Selon un spécialiste de l'ambre du Liban, Dany Azar du MNHN de Paris, chez les familles des Psychodidae et des Phlemotomidae, on passe la crise C/T sans problème puisqu'on retrouve ces mêmes familles des millions d'années plus tard (les récentes découvertes de l'ambre de l'Oise en sont la preuve), avec les mêmes plantes auxquelles ils sont inféodés. Je cite ce chercheur : " les familles psychodidae, phlebomotidae, ont passé la crise et tous les phyllums d'insectes pollinisateurs présents au Crétacé supérieur ( apparus au Crétacé inférieur et diversifiés au Crétacé supérieur) ont passé la crise sans aucune modification. " Ce serait donc un double " miracle " paléontologique, mais en désaccord complet avec le principe fondamental qui veut que lorsqu'une espèce disparaît elle ne réapparaisse jamais ! Il y a donc ici une contradiction avec des faits établis ! La seule façon raisonnable d'interpréter cela c'est bien de considérer comme locales et non mondiales les conséquences de l'impact de Chicxulub ! A ce propos, Jeanne Llabres dans Société le Web de l'humanité du 31 Mars 1998, utilisant la découverte de l'ambre (âgé de 54 ma) à insectes de la sablière Redland, surenchérit en écrivant : "cet ambre suit de 10ma la limite C/T " ; ce à quoi le paléontologue paléoenthomologiste André Nel (du MNHN de Paris) ajoute : " or dix millions d'années ne suffisent pas pour recréer des formes complexes d'insectes. Cela signifie que ces insectes n'ont pas été affectés par cette crise. " Il ajoute aussi : " si un météorite de grosse taille est tombé sur terre à cette période cela ne signifie pas qu'il ait provoqué un hiver nucléaire et des incendies généralisés, comme on l'a dit pendant la présidence de Regan, pour justifier l'installation de porte missiles. Cette hypothèse est difficilement compatible avec la présence d'insectes inféodés aux plantes dont ils se nourrissent… un tel phénomène, s'il a pu, conjugué avec d'autres facteurs, faire disparaître les dinosaures, fut peut-être moins lourd de conséquences que les agressions que nous faisons subir aujourd'hui à l'environnement, à l'origine de la disparition de nombreuses espèces. " Faut-il le rappeler ? Une toutes les 15 minutes !!! On peut lire ces déclarations et bien d'autres encore dans "Les âges de la terre" publication éditée par le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. 4°/ MEME LES VEGETAUX DEMENTENT LA CATASTROPHE KT (en 3 preuves indépendantes) Dans cette excellente publication, on peut aussi y trouver les déclarations du paléobotaniste Jean Dejax qui écrit : "les déductions liées au pic de fougères relevées à ce passage au cours d'analyses palynologiques menées dans l'ouest des USA étayant une hypothèse d'extinction de masse, ne paraissent pas concluantes." il dit aussi : "le passage du Crétacé au tertiaire ne se manifesta par aucune modification notable de la composition de la flore. Le passage Crétacé-Tertiaire n'est marqué par aucun seuil. L'évolution végétale demeure continue du Crétacé supérieur au Paléocène et au passage Crétacé-Tertiaire les archives paléobotaniques n'enregistrent aucun changement signifiant un quelconque bouleversement écologique." Le pic des fougères constaté aux USA et en Nouvelle Zélande ne l'a pas été partout ailleurs dans le monde ! Et cela on oublie de le signaler ! Encore un oubli fâcheux. Encore mieux : à Castle Rock dans le Colorado, dans un site âgé de 64 ma, soit seulement 1 million d'années après KT, on a trouvé des fossiles d'une centaine d'espèces végétales (essentiellement dicotylédones) ; comment expliquer un si grande diversité de plantes en si peu de temps après la grande "razzia" ? Ceci alors que les paléontologues estiment à 10 millions d'années le temps nécessaire pour repartir de "rien", ou presque, à une telle diversité ! (Kirk Johnson et Beth Elis du Musée de la Nature et des Sciences de Denver- article dans Science et Avenir Août 2002). Claire Belcher de Royal Holoway University de Londres, a recherché la présence de charbon de bois, qui n'auraient pas manqué de se former dans le cas des prétendus grands incendies mondiaux. Du Nouveau Mexique à l'Ouest du Canada, dans huit sites correspondant à cette époque : il n'y en a presque pas. Par contre beaucoup de restes végétaux non carbonisés. Même au plus près de l'astroblème du Yukatan, à 2000 km du site d'impact : rien ! 5°/ LES DECOUVERTES DE GERTA KELLER Gerta Keller de Princeton University (voir La Recherche d'octobre 2004 N°379). Elle démontre la lenteur des dépôts en réétudiant le forage de Yaxcopoil qui témoigne d'un milieu calme et un très long temps de sédimentation ; elle réfute le tsunami qui aurait suivi l'impact. Elle démontre un double impact , le premier (celui de Chicxulub 300 000 ans avant KT) n'ayant pas été la cause du dépôt d'iridium. 6°/ LES PLUIES ACIDES ET LES GRENOUILLES David Archibald de l'université de San Diego rappelle que les amphibiens respirent et boivent par la peau ; évidemment d'importantes pluies acides auraient exterminé les batraciens. Mais il n'en est rien ! Peut être que les grenouilles de l'époque disposaient de parapluies ? ça ne fait pas sérieux comme hypothèse. 7°/ L'HIVER "NUCLEAIRE" ? Amphibiens, crocodiles et tortues n'auraient pas supporté une longue chute des températures. Or on sait qu'à un degrés près, chez les crocodiles et les tortues on n'obtient que des mâles ou que des femelles. Vous voyez le problème ? De toute façon les dinosaures comme Laellinasaura amicagraphica vivaient bien dans le froid car à cette époque le sud de l'Australie était sous le cercle polaire antarctique. Ce n'est donc pas le froid qui a exterminé les dinos. 8°/ LES GRENOUILLES TROMOPTERNA D'INDE On n'en parle jamais ! Cela doit être probablement extrêmement dérangeant notamment pour l'hypothèse de Courtillot. En effet cet autre catastrophistes incrimine les longues éruptions des trapps du Deccan en Inde. Mais on oublie la récente découverte de deux chercheurs belges (F.Bossuyt & M.Milankowitch de l'université libre de Bruxelles, et les revues Science et Vie de septembre 2001 et Pour la Science d'août 2001) et de leur thèse "out of India". Pendant une dérive de 75 millions d'années, temps qu'il a fallu au radeau de l'Inde quitter l'Afrique et pour traverser l'Océan Indien puis entrer en collision avec l'Asie, les grenouilles Ranidae du genre Tromopterna ont survécu aux trapps du Deccan, tellement bien qu'elles ont radié ensuite en Asie vers 55 Ma, et même en Europe vers 30Ma. Phénoménal cette découverte ! Même une activité longue et énorme d'un point chaud volcanique n'a pas pu en venir à bout de ces très fragiles batraciens dont la peau est si sensible à toutes formes de pollution ! 2 MILLIONS de Km3 de basalte sur 500 000 km2 pendant 500 000 ans, avec une hausse de la température moyenne de +8°C, et cela localement, pas à des milliers de kilomètres, n'auront pas suffi pour exterminer nos fragiles batraciens ! Alors pensez donc bien à la prétendue influence de ce qui s'est passé à l'autre bout du monde au Mexique, alors que sur place : rien ! Plouf ! Encore un beau pavé dans la mare. Dans "Pour la Science" on peut aussi lire : "si la biodiversité des Ranidae a été préservée sur la plaque continentale de l'Inde lors de sa traversée d'Afrique vers l'Inde, alors des centaines d'autres espèces appartenant à divers groupes d'animaux notamment des mammifères, ont vraisemblablement survécu de la même façon, avant de débarquer sur le continent de l'Eurasie." Je comprends que les catastrophistes évitent d'en parler, c'est évident. Ce n'est plus un grain de sable dans les rouages, c'est une pluie de pavés dans la mare ! Une vraie catastrophe pour le catastrophisme ! 9°/ DES FAITS ETABLIS... On sait avec certitude que 10 000 000 d'années avant la fin des dinosaures, leur milieu naturel commence à disparaître. 10 à 3 ma avant KT : on observe le déclin des dinosaures : -40% (cf Archibald). Ils sont donc devenus très vulnérables entre 1 à 3 Ma av KT, et ils sont prêts à disparaître. C'est ce qu'on appelle selon Philippe Taquet : "un stress écologique". Suite à la régression marine fin crétacé on assiste à une continentalisation avec des saisons plus marquées qui ne conviennent plus aux dinosaures. Je rends hommage à ce propos au Professeur Pinna qui dès 1985, traduit par le professeur Jacques Blot (éminent paléoichtyologue du MNHN de Paris) affirmait dans le livre "Les fossiles, les découvrir et les reconnaître", envers et contre tous qu'il s'agissait d'un stress écologique dû à une réduction drastique des mers, avec apparition d'un milieu terrestre instable peu propice avec les conditions de vie antérieure qu'avaient connues les dinosaures. 10°/ D'AUTRES AUSSI S'ETEIGNENT SANS L'OMBRE D'UN CATACLYSME A 6Ma av KT : 20 espèces, puis à 3Ma av KT : 15 espèces, puis à 1 ma av KT : moins de 10 espèces d'ammonites, les ammonites s'éteignent donc sur des millions d'années, processus constatés aussi chez les "poissons", les reptiles, les mammifères. Les ichtyosaures ont disparu bien avant la limite KT, ils ne l'ont pas " attendue " ! Et bien des dinosaures du Trias ou du Jurassique avaient disparu pour faire de la place aux suivants, sans avoir besoin de catastrophe. 11°/ DES CATACLYSMES SANS CONSEQUENCES BIOLOGIQUES ? Aucun des astroblèmes : Manicouagan, Popigai, Woodleigh, Chicxulub ou Chesapeake n'est associé à une extinction, selon G.Keller. Elle a aussi démontré n'en déplaise à ses contradicteurs, qui ne savent pas faire la différence entre du plancton et un cristal de dolomite ou qui confondent une smectite avec une glauconite (on ne me fera pas avaler qu'avec une analyse par diffraction aux RX on puisse confondre), qu'il y a eu un deuxième impact 300 000 ans après celui de Chicxulub et que les dinosaures ont encore vécu 300 000 ans après Chicxulub. Et c'est ce deuxième impact qui laisse le fameux dépôt d'iridium. De plus, les organismes planctoniques fossiles ne peuvent pas être confondus avec des cristaux de dolomite, il n'y a qu'à comparer les photos : pas de doute possible (voir les détails dans la Recherche N°379 octobre 2004 et dans une émission de TV "La disparition des dinosaures" passée sur la 5ème chaîne, réalisée par la BBC). Cependant la conjonction des chutes météoritiques, du volcanisme a quand même eu pour effet un réchauffement de la planète avec jusqu'à + 4°C dans les eaux océaniques d'où une réduction des niches écologiques et une compétition accrue. En conclusion : Après cette bonne douzaine d'arguments "massue", il est étonnant que même G. Keller ne semble pas douter du coup de grâce définitif du deuxième impact météoritique dont on n'a toujours pas retrouvé l'astroblème et accorde une importance peut être surestimée bien que concourante. Il me semble plus sage de se rallier au point de vue de Philippe Janvier (Directeur de recherches au CNRS MNHN) qui remarque que " les biais taxinomiques " (genres ou familles) utilisés par les paléontologues pour décompter les dinos "les conduisent généralement à surévaluer l'ampleur des extinctions." Il remarque aussi que les oiseaux déjà présents et qui sont eux-mêmes des dinosaures théropodes à plumes ont survécu ainsi que tous les grand groupes actuels qui étaient déjà là. Donc, dit-il : "on imagine difficilement qu'un événement aussi ponctuel touche de la même manière la totalité de la planète et extermine instantanément toutes les espèces d'un groupe à répartition mondiale. Un impact de la taille du cratère de Chicxulub a certainement eu des conséquences importantes immédiates en Amérique du Nord, mais a-t-il vraiment bouleversé la vie en Mongolie, ou en Australie, à ce moment là ?" De plus : "aucun de ces modèles n'explique avec des arguments biologiques solides, pourquoi certains groupes d'espèces ont disparu, tandis que d'autres ont perduré, notamment des organismes aussi sensibles que les insectes et les plantes à fleurs." Enfin, et pour témoigner que tous les dinosaures n'ont pas vraiment disparu, sachez qu'il reste encore seulement quelques 300 milliards de descendants des théropodes (pas mal pour des disparus, non ?)... Je citerai quelques mots du paléontologue Bob Bakker, dans son livre "Le ptérodactyle rose :
"Quand vous verrez passer un vol d'oies du Canada, dites-vous : les dinosaures migrent." "N'oubliez pas en regardant votre canari qu'il y a en lui en parcelle de T. Rex." |
Les dinosaures : les neuf homologies dinosauriennes |
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Par André Holbecq |
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DINOSAURES
COMMENT LES RECONNAITRE ET LES DISTINGUER DES AUTRES REPTILES MESOZOIQUES : les 9 homologies dinosauriennes Trop souvent encore les profanes, voire certains livres de vulgarisation, ne distinguent pas les dinosaures de leurs contemporains mosasaures, plésiosaures, ichtyosaures, et ptérosaures. Il n'y a pas de dinosaures (sensu stricto) volants ou nageants. Pas d'ailes ou de palettes natatoires chez les dinosaures. Tous se déplacent sur deux ou quatre pattes, qui, chose curieuse pour des "reptiles", sont redressées bien à l'aplomb en dessous du corps, et non pas en position latérale comme chez les lézards ou les sauriens (crocodiles,…). Il existe de nombreuses pistes d'empreintes fossilisées qui en témoignent. Or les dinosaures forment bien un groupe monophyllétique (Jacques Gauthier -1986, et Michael Benton -1990). Que ce soit un ornithischien ou un saurischien, chaque dinosaure possède, en principe, une série de 9 homologies. Selon le paléontologue Philippe Taquet du Museum de Paris, les dinosaures possèdent tous 9 homologies, comme il l'indique dans son excellent livre, "Grandeur et décadence des dinosaures", chez Odile Jacob. La classification moderne est basée sur la "cladistique", une méthode de classification inventée par l'entomologiste Willi Henning. Nous allons donc présenter les 9 homologies typiquement dinosauriennes. Une homologie étant une ressemblance entre plusieurs espèces d'organes ou de parties d'organes dont on pense qu'elle provient de l'héritage d'un ancêtre commun. Notons au passage que la plume n'est plus une homologie avienne puisque les dinosaures à plumes ont existé, reste à définir un oiseau maintenant… Tout d'abord localisons ces 9 homologies sur un squelette d'iguanodon bernissartensis : Dinosaures : homologie N°1 Les vomers (os du palais) sont très allongés et ils atteignent ou même dépassent le bord antérieur de la fenêtre antéorbitaire. Ce sont des os du palais qui s'étendent du bout du museau jusqu'à cette cavité qui est située devant l'orbite oculaire. Ces vomers sont souvent difficilement observables, car il faut une excellente préparation du fossile, et la prise de vue est très difficile, notamment derrière une vitrine. Cependant sur cette copie de tête osseuse de Tyranosaurus Rex, on peut parfaitement s'en rendre compte ainsi que sur les schémas suivants. Tyranosaurus Rex Dinosaures : homologie N°2 Il faut au moins trois vertèbres soudées pour constituer le sacrum. Selon les espèces il peut donc y en avoir plus. Voyons quelques cas : Chez Iguanodon Bernissartensis : 7 vertèbres sacrées soudées Atlasaurus imelakei Brachiosaurus brancai et ses 5 vertèbres sacrées soudées Stégosaure et ses 4 vertèbres sacrées soudées La cavité glénoïde est tournée vers l'arrière. Cette cavité articulaire de l'épaule recevant la tête de l'humérus est formée par la scapula (=omoplate), et le coracoïde. En se positionnant sous la cage thoracique des dinosaures on peut parfaitement observer cette orientation vers l'arrière, ce que l'on ne peut observer chez les crocodiles où cette facette articulaire est positionnée latéralement. Dinosaures : homologie N°4 L'humérus possède une crête delto-pectorale mesurant entre 1/3 et 1/2 de la longueur du corps de l'humérus. Cette crête osseuse permet l'insertion des muscles releveurs du bras. Dinosaures : homologie N°5 Le 4ème doigt de la main, quand il existe, ne possède que 3 phalanges. A ce propos, il arrive de voir sur certains squelettes exposés dans des musées comme à Londres, Francfort ou New York une phalange en trop. Par contre celui de Stuttgart est correct. On a copié même les erreurs de montage à partir, sans doute de celui de New York. Dans l'excellent livre : " The dinosauria " de Weishampel, Osmolska et Dodson, on peut vérifier l'exactitude de ce détail anatomique. Dinosaures : homologie N°6 L'acétabulum est largement ou complètement ouvert. La cavité acétabulaire ou articulation de la hanche reçoit la tête du fémur latéralement. Notez que la crête supra-acétabulaire proéminente empêche tout mouvement latéral de la patte, et agit comme un cran d'arrêt. Dinosaures : homologie N°7 La tête du fémur est en forme de boule, et elle est complètement déjetée avec un col du fémur distinct. Articulation de la hanche du Diplodocus Dinosaures : homologie N°8 Le processus ascendant de l'astragale est développé. Deux remarques : cela est vrai chez tous les dinosaures sauf chez les sauropodes, qui, aux dires du spécialistes, ont perdu cette homologie qui cependant est présente chez leurs ancêtres prosauropodes comme par exemple chez les platéosaures. Autre curiosité : le processus ascendant de l'astragale est très développé chez l'archéoptéryx dont le squelette rappelle plus celui d'un dinosaure par ses homologies que celui d'un oiseau. La plume n'étant plus une homologie avienne, on peut se demander où classer l'archéoptéryx au squelette de dinosaure mais au cerveau d'oiseau. Ne serait-il qu'un essai raté, une voie de garage de l'évolution ?
Processus ascendant de l'astragale du Tyranosaure Dinosaures : homologie N°9 Le péroné est réduit par rapport au tibia. Remarque : chez les lourds sauropodes, cette différence est vraie mais peu marquée. Chez Platéosaure et chez Iguanodon ci-dessus Chez le Stégosaure En résumé, qui sont les dinosaures ? Ils appartiennent au grand groupe des archosaures, ceux que l'on appelle couramment les reptiles, terme ambigu compte tenu qu'ils ne rampent pas tous ! Les dinosaures ont des membres redressés à l'aplomb du corps. Tous ces archosaures ont un caractère commun dans leur crâne : une fenêtre antéorbitaire. Les ancêtres des dinosaures, les thécodontes (= dents mammelonnées), possédaient aussi cette fenêtre antéorbitaire, de même que leurs descendants : les oiseaux. La majorité des archosaures n'existe plus aujourd'hui. Cependant il reste les "crocodiles" et les "oiseaux". La classification animale est donc entièrement à revoir, en fonction de la cladistique... Dès lors, on ne s'étonnera plus d'entendre les propos suivants, tenus par le paléontologue américain Bob Bakker : "Quand vous verrez un vol d'oies du Canada passer au dessus de vos têtes, dites-vous : les dinosaures migrent ! "
Et Bakker a aussi tenu le propos ci-dessous : |
Les marbres belges à Versailles | |
par Eric Groessens Professeur à l'Université catholique de Louvain-la Neuve Géologue au Service géologique de Belgique |
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Pour Louis XIV, tous les matériaux les plus beaux et les plus chers devaient être montrés à Versailles. Ainsi trouve t'on à Versailles, les marbres de Rance et de Barbençon, le Sainte-Anne, la brèche de Waulsort et le marbre noir de Dinant. Les restaurations ultérieures, y ont ajouté le petit-granit, le Marbre noir de Golzinne et le Noir de Tournai et encore quelques autres marbres rouges belges. La revue "Les Cahiers de Science et Vie" n°24 du mois d'avril 2003, est consacrée aux "Sciences et techniques des bâtisseurs de Versailles". Les marbres du sud de la France, surtout ceux des Pyrénées y occupent, à côté du Carrare, une place de choix. Les marbres de chez nous y sont à peine cités. Le but de cet article est donc de leur rendre la place qu'ils occupent dans le Château. Les romains exploitaient et exportaient la plupart de nos marbres. Une exception notable, le petit-granit, qui, bien qu'exploité depuis le XVème siècle, n'a été poli qu'à partir de la fin du XVIIIème. A la période Baroque, et il suffit de visiter la Maison de Rubens (1610) pour s'en rendre compte, des centaines de variétés différentes de marbres étaient disponibles et il n'est donc pas étonnant que les ingénieurs de Louis XIV se soient tournés vers la partie septentrionale du Royaume pour leur approvisionnement. Les marbres de chez nous ne sont pas les seuls à servir la gloire du roi. Tous les matériaux les plus beaux et les plus chers devaient être montrés à Versailles. Il ne faut pas oublier que Versailles a été voulu comme la vitrine de la France. Vitrine politique et diplomatique d'abord, vitrine artistique et technologique ensuite, vitrine des savoir-faire du Grand Siècle enfin. Donc, à coté des marbres "belges" on y rencontre les célèbres marbres des Pyrénées : le Sarrancolin, le Campan, le marbre d'Antin, le statuaire blanc de Saint-Béat, le Petit Antique d'Hèches, la brèche de Barbazan etc. Les rouges du Languedoc : Rouge incarnat, Griotte, le Féline etc; les marbres du Bourbonnais, les marbres jaune et rose de Provence, de Trets sans oublier les Carrare, Portor et autres marbres vert d'Egypte. Cette profusion de marbres peut étonner, mais il ne faut pas oublier qu'à Versailles il y avait 67 escaliers, 1400 fontaines et que le château était chauffé par 1252 cheminées, dont il ne nous reste qu'un dixième. Rappelons que tous nos marbres sont des calcaires durs, sédimentaires et de très faible porosité; qu'ils sont tous d'âge Dévonien supérieur ou Carbonifère inférieur, c'est à dire qu'ils ont été déposés, dans un intervalle de temps de 50 millions d'années, entre 380 et 330 millions d'années et que la gamme chromatique est par contre limitée au noir, rouge et gris. La plupart de ces exploitations ont disparu et les archives (n'oublions pas que la construction de Versailles se déroule aux XVII-XVIIIèmes siècles) n'ont pas encore livré toutes les traces écrites. Par contre le nombre d'informations fausses, fantaisistes ou non référencées, relatives à des utilisations à Versailles, circulent et doivent inciter à la plus grande prudence. La méthode utilisée dans cet exposé préliminaire est donc celle du touriste, géologue de profession, qui visite le Château et note au passage les marbres qu'il croit reconnaître comme provenant de la région où il travaille. Il trouve d'abord le Marbre rouge de Rance utilisé à profusion tant en placages qu'en pilastres, comme dans la Galerie des Glaces que pour la confection de colonnes et de cheminées monumentales. Il peut aussi y observer des revêtements muraux ou des dallages en Sainte-Anne (belge), en Marbre Noir de Dinant, en genre Grand Antique de Barbençon, en Brèche de Waulsort (ou de Dourlers) en Petit-granit (anciennement appelé Ecaussinnes ou Marbre de Ligny), en Marbre noir de Golzinne et de Tournai. Il y rencontre aussi des marbres de l'Avesnois : Quelques dalles en Marbres de Cousolre, de Glageon, en Marbres noir français de la région de Bavay, etc. On peut raisonnablement penser qu'en ce qui concerne les six derniers cités, il s'agit de matériaux ayant servi lors des restaurations effectuées sous la Monarchie de juillet ou même postérieurement. La durée des travaux, la succession des architectes, les restaurations ultérieures font que la décoration marbrière n'est pas homogène. L'essentiel du décor des Grands Appartements, dont l'architecte est Le Vau, est constitué par "des revêtements de marbres qui couvrent les murs et sont combinés avec un souci d'oppositions de couleurs vigoureuses : rouges et vert foncé ou noir veiné jouant sur un fond blanc uni" alors que lorsque l'on pénètre dans la Galerie des Glaces, due à l'architecte Mansart, avec, à ses deux extrémités les deux salons annexes de la Guerre et de la Paix, "l'œil est aussitôt caressé par une tonalité générale beaucoup plus douce. Au lieu de chercher, en effet des contrastes de couleurs vigoureux, Mansart a choisi des marbres tirant sur le gris, d'un rouge éteint, d'un vert clair, et qui se détachent sur un fond non plus de blanc uni, mais de blanc veiné. De nombreux rehauts de bronze et de stucs dorés viennent ajouter à la richesse et à la gaieté de l'ensemble". Dans un article sur la diffusion du marbre de Rance en France (1992) je regrettais que "quand on visite Versailles ou une autre belle demeure, aucun guide, ne répond à la question concernant la provenance de tel ou tel marbre ; et pourtant qu'elle est belle la Galerie des Glaces et cette beauté est indissociable de la qualité des dorures, des glaces et du marbre. Et que dire des hommes et femmes anonymes qui se cachent derrière ces magnifiques décors. Procédons maintenant à la visite. Lorsque l'on pénètre dans l'enceinte du château, le regard se porte d'abord naturellement vers la partie centrale, c'est à dire la façade qui est aussi la partie la plus ancienne, car construit sous Louis XIII. Louis XIV y a ajouté une colonnade en marbre rouge de Rance, colonnes qui ont subit les outrages du temps, mais sont restées très belles. Que dire de ces mêmes colonnes qui ont gardé un poli profond et que l'on admire dans le Grand Vestibule ! Le marbre de Rance est probablement celui qui a été le plus employé dans la décoration du château de Versailles. En particulier, le seul parmi ceux exploités dans cette localité qui soit reconnaissable sans ambiguïté, le "Vieux Rance". A l'époque de la construction de Versailles, c'était la carrière de la Margelle à Rance, qui fournissait la majorité des marbres mais n'arrivait plus à satisfaire tous les besoins d'autant plus qu'on demandait des blocs de plus en plus grands pour colonnes et l'on décida de l'ouverture du gisement du "trou à Rocs" dénommé depuis "Trou de Versailles". Pour transporter les énormes colonnes monolithes, les ingénieurs de Louis XIV abattirent tout un quartier de forêt, souvent des troncs de chênes pour construire un chemin artificiel (de Renlies à Cousolre). Ce beau marbre était exploité par M.P.G. jusque vers 1952 ou 1953. Avant de terminer ce paragraphe sur les marbres rouge belge, signalons que des colonnes rappelant celles de la façade principales et faisant face à la Cour royale sont en marbre rouge griotte impérialé et que des restaurations récentes effectuées dans le Grand Vestibule y ont apporté des rouges griottes, provenant probablement de la carrière de Maudoux-Mousty à Neuville. Des meubles sont également recouverts d'une plaque de marbre rouge royal ou du marbre de Beauchâteau (Senzeille) bien reconnaissable grâce aux fossiles Dans le pavement des Grands Appartements, on peut voir de nombreux exemples d'applications de marbre Sainte-Anne. La dernière carrière active de marbre Sainte-Anne est celle des Hayettes à Biesme. Elle était exploitée par M.P.G. et a été arrêtée en 1975. La rampe du grand escalier de la Reine, et certains éléments des Grands Appartements pourraient avoir été confectionnés en Grand antique de Barbençon aussi connu sous le nom de "Brayelle"... Signalons aussi que l'on trouve quelques dalles de Marbre "Sainte-Anne de Cousolre" et de Marbre de Glageon dans les couloirs du Parlement à Versailles. Elles furent probablement placées au XIXème siècle pour remplacer des dalles défectueuses. Un certain nombre de couloirs, et surtout la salle de bain de Louis XV, sont pavés d'un damier de marbre blanc et noir. Le marbre banc est probablement italien. Le noir, par contre, est originellement du marbre noir de Dinant. Au cours du XIXème siècle, d'autres marbres noirs, surtout celui de Golzinne dont les conditions de gisement rendaient l'extraction moins onéreuse, vont concurrencer le marbre noir de Dinant. Le dallage du Grand Vestibule, damier de blanc de Carrare et d'un marbre d'un noir profond, qui datait de 1679 a été remplacé en 1986 par le Noir belge ou marbre noir de Golzinne, probablement fournit par Merbes-Sprimont. De même, la célèbre Cour de Marbre, qui formait dès 1679, l'entrée principale du château et dont le dessin original nous est inconnu, a été rehaussée vers 1990 et est actuellement constituée d'un damier en marbre blanc, en Petit-granit provenant de la carrière Gauthier-Winqz de Soignies et de Noir de Tournai, livré par les Carrières Lemay de Vaulx-lez-Tournai. Notons au passage que ce qui fut exploité, essentiellement au cours de la seconde moitié du XIXème siècle sous le nom de Noir français est un calcaire noir du Dévonien de la région de Bavay, surtout du Givétien ( 375 millions d'années). Certains bancs présentent des fossiles de lucines (Noir à Amandes), de murchisonies (le Fleuri ou Blondeau) ou des géodes de calcite (boule-de-neige) et ces marbres sont bien représentés dans des dallages au château et de la chapelle de Versailles. Ils datent probablement des aménagements de Louis-Philippe. L'origine des panneaux de brèche, que l'on voit entre autres, dans le Salon d'Hercule et en d'autres endroits dans les appartements royaux, ne peut pas être déterminé sans passer par les archives. On peut évidemment penser en priorité à Dourlers, dont le gisement en Avesnois, était probablement exploité à cette époque. Comme belge, on appellerait ce marbre, Waulsort ou Fontaine-l'Evêque. Le Petit-granit, qui est relativement bien représenté dans les pavements à Versailles, date probablement de restaurations ultérieures aux règnes des rois de France. Nous avons déjà cité à ce propos, le dallage de la Cour de marbre. On peut y ajouter le dallage contemporain de la Galerie Basse ou alternent marbres blancs, Petit-granit et Noir Marquina d'Espagne. Les paliers du grand escalier de la Reine possèdent également des éléments en Petit-granit dont la date de la pose m'est inconnue. Ce texte est le résumé d'une communication présentée à Versailles, lors l'un colloque international intitulé "Marbres de Rois, splendeurs des pierres ornementales -XVIIe et XVIIIe siècle" qui s'est tenu dans la Galerie Basse du Château. Bibliographie G. Besc-Bautier et H. du Mesnil, La Politique royale du Marbre français (1700-1789) Les Ressources minérales et histoire de leur exploitation. Ed. Comité des Travaux historiques et Scientifiques, Paris, (Grenoble 1983), 1986. p .426-442. G. Besc-Bautier et H. du Mesnil, "Le Marbre du roi, l 'Approvisionnement en marbre des bâtiments du roi, 1660-1715", Eighteen Century life, Coll. The Versailles Colloquium (1985) "The Art and Architecture in Versailles" Vol.17, n°2, 1993, p.36-54. J.P. Biron, M. Coen-Aubert, R. Dreesen, B. Ducarme, E. Groessens et F. Tourneur. "Le Trou de Versailles ou Carrière à Roc de Rance.", Bull. de la Soc. belge de Géologie, t. 91, fasc. 4, Bruxelles, 1983, p. 317-336 E. Groessens, "L'industrie du marbre en Belgique", Mém. Institut géologique de l'Univ.de Louvain, 1981, t..XXXI, p. 219-253. E. Groessens, "La diffusion du marbre de Rance en France", 117° congr. nat. des Soc.Sav., Clermont-Ferrand, 1992, 2°coll. Carrières et constructions, p. 193-211. E. Groessens, "L'origine et l'évolution de l'expression 'Petit-granit' ", Bull.Soc.belge de Géologie, Bruxelles 1993, t.102, p 271-276. E. Groessens, "L'exploitation et l'emploi du marbre noir de Dinant sous l'Ancien Régime", 119° congr.nat.soc.hist.scient., Amiens, 1994, 3°coll. Carrières et constructions, p.73-87. E. Groessens, "Le Marbre Noir" in "Boiseries et marbres sculptés en Namurois.", Monographies du Muséee des Arts anciens du namurois, 1997, P. 67-73. E. Groessens, "Les marbres du Nord de la France et du Boulonnais", Ann. Soc. Géol.Nord, Lille, 2003 t. 10 (2°série) p. 1-10 J. Heuclin, "L'industrie du Marbre au XIXème siècle à Cousolre", Mém. de la Soc.archéol. de l 'Arrondissement d'Avesnes, Avesnes, 1980, t.XXVII, p.87-111. A Jennepin, Monographie de la Marbrerie dans l'Arrondissement d'Avesnes, Union géographique du Nord de la France, Douai, 1901, 44p. F. Tiberghien (at al), Sciences et techniques des bâtisseurs de Versailles. Les Cahiers de Science et Vie, n°74, avril 2003. F. Tourneur, La Cheminée marbrière en Wallonie au XVIIIème siècle - Une production de grande exportation. Pierres et Marbres de Wallonie, à Sprimont et Musée National du Marbre à Rance, 2001, 4p. |