Dossiers - Espèces minérales nouvelles françaises depuis la création de la commission "Nouveaux minéraux" (C.N.M.M.N.) de l'Association Internationale de Minéralogie (I.M.A.) : quarante ans de découvertes. | |
par Yves MOELO |
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Ce texte reproduit, à quelques corrections mineures près, un article publié en 2002 dans le numéro 40 du bulletin de l'A.MI.S. (Association des Amis de la Collection de Minéraux de la Sorbonne), suite à une conférence donnée par Yves MOELO dans le cadre des activités de cette association le 10 novembre 2001 à Jussieu. Il reprend en les développant certains aspects présentés dans un précédent article (Moëlo, 2000). Nous tenons à remercier Yves Moelo, Jean-Claude Boulliard pour l'autorisation de reprendre les informations parues dans le bulletin de l'A.MI.S, Georges Favreau de l'Association Française de Microminéralogie pour la finalisation de cet article qui a été publié dans le Cahier des micromonteurs 1-2003. Introduction L'Association Internationale de Minéralogie (I.M.A.) a été créée en 1957 à Montréal, avec Claude Guillemin comme représentant pour la France. A cette occasion, C. Guillemin a proposé la création de la commission "Nouveaux minéraux" (C.N.M.M.N. : Commission on New Minerals and Mineral Names). Cette commission comprend des délégués des sociétés nationales de minéralogie affiliées à l'I.M.A., ou des sections de minéralogie des sociétés de géologie. François Permingeat (CNRS - université de Toulouse) a été le premier délégué français, et également secrétaire, de 1959 à 1974, relayé ensuite par Roland Pierrot (BRGM Orléans), Fabien Cesbron (Lab. de minéralogie et cristallographie de l'université de Paris), François Fontan (CNRS - Université de Toulouse), Yves Moëlo (CNRS Orléans, puis Nantes), et, depuis 1999, Gian Carlo Parodi (Muséum national d'histoire naturelle de Paris). On trouvera dans un précédent article (Moëlo, 2000) une information générale concernant le rôle de la commission "Nouveaux minéraux" de l'I.M.A., ainsi que le processus de définition et homologation d'une nouvelle espèce minérale. En 1978, à l'occasion du centenaire de la S.F.M.C., F. Cesbron et R. Pierrot ont publié un premier bilan relatif aux "espèces minérales décrites dans le Bulletin de la Société de 1878 à 1978". En 1995, P.-J. Chiappero a recensé les minéraux types français définis depuis la création de l'I.M.A., en présentant pour chacun d'eux ses principales caractéristiques. Suite à la sollicitation d'associations de minéralogistes amateurs, il est apparu judicieux d'établir un nouveau bilan, sous un angle un peu différent mais complémentaire. Rappelons d'emblée que la première espèce minérale agréée par l'I.M.A. (et publiée en 1963) était un minéral franco-français (par le gisement et les auteurs), la roquésite, CuInS2 (qui a été aussi le premier minéral d'indium reconnu). Plus important encore, c'est durant la même période qu'est apparue la microsonde électronique de Castaing, dont un des tout premiers prototypes a été aussitôt affecté au domaine des sciences de la Terre, là encore avec un rôle déterminant de C. Guillemin. Cet appareil de micro-analyse chimique a joué un rôle révolutionnaire en minéralogie et en pétrologie, et l'on peut dire sans exagération que c'est d'abord grâce à la microsonde électronique qu'en quarante ans la C.N.M.M.N. a eu à valider plus de nouvelles espèces minérales qu'il n'en avait été défini dans toute l'histoire antérieure de la minéralogie ! Soit un rythme annuel de découvertes en moyenne environ six fois supérieur, qui a permis d'atteindre aujourd'hui un total d'environ 4000 espèces minérales bien caractérisées. Pour illustrer cette évolution, la figure 1 donne un exemple de courbe cumulative obtenue sur la classe des sulfures et espèces apparentées (plus de 600 espèces minérales aujourd'hui). Cette courbe montre que la systématique des minéraux n'a pas évolué de manière régulière, mais qu'au contraire on peut distinguer quatre périodes (schématisées sous la forme de quatre segments de droite) :
La France, qui a joué un rôle éminent dans la naissance de la minéralogie, et indissociablement de la cristallographie, a bien sûr vu son poids relatif régresser dans le domaine de la systématique des minéraux, ne serait-ce que par la place grandissante prise au XXe siècle par certains pays dans ce domaine, les Etats-Unis en premier lieu, mais aussi le Canada, la Russie, le Japon, la Chine, l'Australie... Néanmoins, elle a continué à jouer un rôle actif durant le dernier demi-siècle, et le territoire même de la France a continué à "produire" un nombre non négligeable d'espèces minérales nouvelles. C'est donc l'objet de cet article de détailler le bilan de ces quarante dernières années en matière de découverte de nouvelles espèces minérales en France. |